Ce sont d’abord deux pages qui claquent à la figure comme un coup de fouet. Et puis doucement, par petites touches, Leila Slimani déroule le portrait en creux de personnages qui nous ressemblent de près ou de loin, et nous tend le miroir impitoyable de nos propres existences.
Dans un style à la fois épuré et envoutant, elle égrène le temps qui passe avec son florilège de renoncements, tous ces rêves laissés sur le bord du chemin qui au final constituent une vie. On ne parlera pas de lutte des classes malgré les différences sociales des différents personnages car voilà belle lurette que plus personne ne se bat pour une cause collective. On essaie de vivre à défaut de mieux, on se débat avec nos contradictions et nos éclairs de lucidité pour au final toucher du bout des doigts un bonheur que l’on sait fugace.
En faisant planer l’ombre de la mort sur son histoire dès les premières pages, l’auteur assume avec une lucidité glaciale le récit presque clinique d’une inexorable descente vers les affres de la folie, comme unique échappatoire d’une vie trop lourde à porter.
Chanson douce de Leila Slimani chez Gallimard
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