mercredi 1 mai 2013

Evil Dead


Evil Dead était l’un des derniers grands classiques du cinéma d’horreur à ne pas être passé par la moulinette du remake. C’est chose faite, et c’est l’uruguayen Fede Alvarez qui s’y colle, sous la houlette de la sainte trinité Sam Raimi, Bruce Campbell et Robert Tapert crédités comme producteurs. Il en résulte un film en demi-teinte qui peine à se positionner, coincé entre références et démarquage. Le réalisateur choisit de commencer son histoire de manière différente de l’original en mettant en scène Mia, une jeune fille possédée par la drogue avant de l’être par les démons. Le parti pris est judicieux, et les crises de manque de Mia préfigurent admirablement sa métamorphose sous l’emprise des forces démoniques qui ne vont pas tarder à se déchainer. Le reste de l’histoire est connue. La découverte du livre des morts qui ouvre les portes de l’enfer, les possessions de l’ensemble des jeunes gens prisonniers dans la cabane et leur calvaire. Fede Alvarez choisit le parti du film d’horreur pur et dur, et en effet le film regorge de scènes gores sans concession.
La scène d’introduction est à ce titre très réussie, brutale et efficace. Elle annonce une succession de morts toutes plus gores les unes que les autres, servies par des effets spéciaux d’autant plus efficaces que le réalisateur n’a pas, ou peu, recours aux CGI (contrairement au Drag me to Hell de Sam Raimi, gâché par des effets numériques désastreux). Cette direction est louable et aurait pu donner lieu à une vraie bonne surprise. Hélas, un film qui ne repose que sur des effets gores est voué à l’échec. Et si le réalisateur maitrise la partie horrifique de son film et nous livre des scènes réellement impressionnantes, il n’évite pas un certain nombre d’écueils.
Le premier tient dans la caractérisation des personnages. Ils sont au mieux monolithiques, au pire inexistants comme c’est le cas pour Nathalie, la petite amie de David qui remplit le quota de la blonde de service.
Ensuite, le réalisateur oublie que pour que l’on adhère totalement au film, il faut que les situations soient crédibles. C’est le paradoxe des films d’horreur, on est prêt à admettre que des démons prennent possession des personnages et leurs fassent subir les pires outrages. Par contre, quand deux des personnages se voient amputés d’un bras ou d’une main et qu’ils continuent à se battre comme si de rien n’était, le spectateur ne suit plus. Sauf si on est dans le second degré assumé comme c’était le cas pour Evil dead 2, mais ce n’est pas la direction prise par le réalisateur dans ce remake. Autres aberrations, (attention, Spoilers), la résurrection express de Mia à la fin du film ou le calvaire d’Eric qui encaisse plus qu’un Terminator de dernière génération (fin des spoilers). Fede Alvarez oublie qu’un film d’horreur réussi ce sont avant tout des personnages crédibles et des situations qui le sont tout autant, ou du moins qui ne sombrent pas dans l’exagération outrancière.
Evil Dead nouvelle génération est donc un film bancal, oscillant entre références à son prestigieux modèle (le collier en forme de crane, la caméra qui fonce dans les bois, le viol par la végétation et tant d’autres, jusqu’à la fin du générique) et une volonté bienvenue de se démarquer et d’exister en tant que tel. Il manque juste un scénariste pour en faire un film digne de succéder au classique de Sam Raimi.

1 commentaire:

CSKshadow a dit…

c'est bien de préciser les Spoilers !

CSK