Avec Antichrist, le réalisateur suédois controversé pousse le bouchon encore plus loin et provoque le scandale sur la Croisette.
Le film débute par une scène tournée dans un noir et blanc élégant. Un couple fait l’amour. Gros plan sur le sexe de l’homme, gouttes d’eau qui tombent au ralenti sur les corps dénudés. Pendant ce temps, leur petit garçon s’échappe de sa chambre, saute par une fenêtre ouverte et s’écrase sur le sol quelques mètres plus bas. Le parallèle entre l’acte sexuel et la mort, le plaisir et le péché par négligence est asséné à coup de marteau. Le tout est filmé comme une publicité pour un parfum de luxe sur fond de musique classique. Le décor est planté, Lars von Trier marque son territoire et nous emmène dans un univers codifié dont lui seul connait et impose les règles.
Nous suivons alors la descente aux enfers de ce couple meurtri. La femme, interprétée par Charlotte Gainsbourg, a abandonné une thèse sur les sorcières quelques mois auparavant. Elle passe par des phases de désespoir, de culpabilité et d’agressivité envers son mari. Lui, joué par Willem Dafoe, est un psychanalyste qui fait tout pour empêcher sa femme de sombrer et qui oppose un pragmatisme scientifique à ses égarements de plus en plus étranges. Pour exorciser ses peurs, il emmène sa femme à Eden, dans un chalet isolé au cœur d'une forêt où ils ont l’habitude de se retrouver. C’est alors que tout bascule.
La nature, qui leur envoie des signes de plus en plus inquiétants. La santé mentale de la femme qui s’identifie de plus en plus aux sorcières qu’elle étudiait. Les convictions de son mari ébranlées devant l’attitude de sa compagne. Le film enfin, qui entraine le spectateur vers les frontières du fantastique.
A moins que ce ne soit qu’une réalité déformée par la folie qui guette les deux protagonistes ?
Au fur et à mesure que progresse l’histoire, une tension sourde et latente s’installe. L’atmosphère devient lourde, menaçante pour finalement laisser place à une folie meurtrière qui conduit aux pires sévices. Le mal apparait sous la forme des trois mendiants, respectivement symbolisés par une biche qui met bas (la douleur), un renard qui se dévore le ventre (le désespoir) et un corbeau enterré dans un terrier (le deuil). Possédée par le diable, rongée par la culpabilité ou égarée par la folie, la femme torture son mari avant de se mutiler elle même. Les deux amants sans nom s’affrontent comme des êtres revenus à l’état sauvage et la folie triomphe de la raison lorsque le mari étrangle sa femme dans un élan meurtrier.
Antichrist est de bout en bout un film maitrisé, impeccablement filmé et interprété. Le réalisateur ne laisse rien au hasard et chaque plan est soigneusement pensé. Certaines scènes renvoient d’ailleurs directement à des peintures de Jérôme Bosch. Il faut cependant reconnaitre que le film frôle parfois le ridicule. Par exemple, lorsque le renard se met à parler et à annoncer le règne du chaos, les éclats de rire ne sont pas loin.
Mais ce qui dérange le plus dans le cinéma de Lars von trier, et ce qui est exacerbé dans Antichrist, est cette pesante morale judéo chrétienne qui tend à charger la femme de tous les péchés (elle est manipulatrice, perverse et pervertit l’homme) et qui condamne dans la douleur l’acte sexuel. La plupart des sévices infligés dans le film sont d’ordre sexuel. La femme se tranche le clitoris, symbole du plaisir (coupable ?), elle frappe son mari dans les organes génitaux et lui fait éjaculer du sang. De plus, Lars von Trier semble prendre un malin plaisir à toujours représenter la femme dans des rôles sacrificiels depuis Breaking the Wawes. Mais si dans ce dernier film c’était pour sauver l’homme qu’elle aimait, dans Antichrist le sacrifice prend une toute autre dimension et ressemble plutôt à un exorcisme, à une éradication du mal. La femme (jamais nommée) agresse, physiquement et sexuellement, l'homme (symbolique aussi car sans nom) dans un lieu nommé Eden et ce dernier ne peut s'en délivrer qu'en la tuant. Le message est on ne peut plus explicite.
On ressort donc de la projection dérangé, ce qui est le but recherché, ne sachant trop que penser. On est partagé entre l’indéniable talent d’un auteur opaque et manipulateur, la désagréable sensation d’avoir participé à un spectacle misogyne digne des intégrismes les plus durs, ou à une plongée dans la folie dont on ne ressort pas indemne.
Le film débute par une scène tournée dans un noir et blanc élégant. Un couple fait l’amour. Gros plan sur le sexe de l’homme, gouttes d’eau qui tombent au ralenti sur les corps dénudés. Pendant ce temps, leur petit garçon s’échappe de sa chambre, saute par une fenêtre ouverte et s’écrase sur le sol quelques mètres plus bas. Le parallèle entre l’acte sexuel et la mort, le plaisir et le péché par négligence est asséné à coup de marteau. Le tout est filmé comme une publicité pour un parfum de luxe sur fond de musique classique. Le décor est planté, Lars von Trier marque son territoire et nous emmène dans un univers codifié dont lui seul connait et impose les règles.
Nous suivons alors la descente aux enfers de ce couple meurtri. La femme, interprétée par Charlotte Gainsbourg, a abandonné une thèse sur les sorcières quelques mois auparavant. Elle passe par des phases de désespoir, de culpabilité et d’agressivité envers son mari. Lui, joué par Willem Dafoe, est un psychanalyste qui fait tout pour empêcher sa femme de sombrer et qui oppose un pragmatisme scientifique à ses égarements de plus en plus étranges. Pour exorciser ses peurs, il emmène sa femme à Eden, dans un chalet isolé au cœur d'une forêt où ils ont l’habitude de se retrouver. C’est alors que tout bascule.
La nature, qui leur envoie des signes de plus en plus inquiétants. La santé mentale de la femme qui s’identifie de plus en plus aux sorcières qu’elle étudiait. Les convictions de son mari ébranlées devant l’attitude de sa compagne. Le film enfin, qui entraine le spectateur vers les frontières du fantastique.
A moins que ce ne soit qu’une réalité déformée par la folie qui guette les deux protagonistes ?
Au fur et à mesure que progresse l’histoire, une tension sourde et latente s’installe. L’atmosphère devient lourde, menaçante pour finalement laisser place à une folie meurtrière qui conduit aux pires sévices. Le mal apparait sous la forme des trois mendiants, respectivement symbolisés par une biche qui met bas (la douleur), un renard qui se dévore le ventre (le désespoir) et un corbeau enterré dans un terrier (le deuil). Possédée par le diable, rongée par la culpabilité ou égarée par la folie, la femme torture son mari avant de se mutiler elle même. Les deux amants sans nom s’affrontent comme des êtres revenus à l’état sauvage et la folie triomphe de la raison lorsque le mari étrangle sa femme dans un élan meurtrier.
Antichrist est de bout en bout un film maitrisé, impeccablement filmé et interprété. Le réalisateur ne laisse rien au hasard et chaque plan est soigneusement pensé. Certaines scènes renvoient d’ailleurs directement à des peintures de Jérôme Bosch. Il faut cependant reconnaitre que le film frôle parfois le ridicule. Par exemple, lorsque le renard se met à parler et à annoncer le règne du chaos, les éclats de rire ne sont pas loin.
Mais ce qui dérange le plus dans le cinéma de Lars von trier, et ce qui est exacerbé dans Antichrist, est cette pesante morale judéo chrétienne qui tend à charger la femme de tous les péchés (elle est manipulatrice, perverse et pervertit l’homme) et qui condamne dans la douleur l’acte sexuel. La plupart des sévices infligés dans le film sont d’ordre sexuel. La femme se tranche le clitoris, symbole du plaisir (coupable ?), elle frappe son mari dans les organes génitaux et lui fait éjaculer du sang. De plus, Lars von Trier semble prendre un malin plaisir à toujours représenter la femme dans des rôles sacrificiels depuis Breaking the Wawes. Mais si dans ce dernier film c’était pour sauver l’homme qu’elle aimait, dans Antichrist le sacrifice prend une toute autre dimension et ressemble plutôt à un exorcisme, à une éradication du mal. La femme (jamais nommée) agresse, physiquement et sexuellement, l'homme (symbolique aussi car sans nom) dans un lieu nommé Eden et ce dernier ne peut s'en délivrer qu'en la tuant. Le message est on ne peut plus explicite.
On ressort donc de la projection dérangé, ce qui est le but recherché, ne sachant trop que penser. On est partagé entre l’indéniable talent d’un auteur opaque et manipulateur, la désagréable sensation d’avoir participé à un spectacle misogyne digne des intégrismes les plus durs, ou à une plongée dans la folie dont on ne ressort pas indemne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire