Et si pour ne fois la bête emballait la belle ?
Fidèle à son amour immodéré pour les monstres en tous genres et marqué à jamais par l’Etrange créature du lac noir de Jacques Arnold sorti en 1954, Guillermo del Toro nous propose une nouvelle aventure fantastique ancrée dans une Amérique en pleine Guerre Froide.
Au cœur d’un laboratoire secret, Elisa rencontre une créature fruit de toutes les convoitises dont elle parviendra à percevoir la part d’humanité. Un sujet classique traité avec la grâce et l’intelligence que l’on connait à Guillermo del Toro depuis ses premiers films.
Porté par un casting remarquable, de la fragile Sally Hawkins à l’inquiétant Michael Shannon, La forme de l’eau joue plus que jamais sur la partition musicale d’Alexandre Desplat ainsi que sur une palette de couleurs où dominent le vert et le rouge. Le vert pour le milieu aquatique dans lequel baigne le film dès les premières images, et le rouge lorsque surgissent le sang et le désir sexuel (Elisa s’achète les chaussures rouges convoitées dès lors que sa relation avec l’Amphibien est consommée).
S’il renoue avec ses thèmes de prédilection, dont un final proche de celui du Labyrinthe de Pan, le réalisateur fait ici preuve d’une maturité nouvelle en traitant le désir féminin et l’acte sexuel de manière frontale. Multipliant les symboles explicites (l’eau, l’œuf), alternant des plans oniriques empreint d’une poésie envoutante avec des explosions de violence, Guillermo del Toro signe un nouveau film important, un cri d’amour à la tolérance et au panthéon du fantastique où virevoltent les petites fées du Labyrinthe de Pan qui reste à ce jour son chef d’œuvre insurpassable.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire