Tout en se plaçant dans la continuité de l’immense saga des adaptations Marvel sur grand écran planifiées pour les cinq ans à venir, Captain America, le Soldat de l’Hiver fait preuve d’une maturité jusque-là peu présente dans les films issus de l’univers Marvel. Alors que le premier volet des Avengers misait tout sur un côté spectaculaire totalement assumé et réussi, cette deuxième aventure consacrée au premier Vengeur se tourne clairement vers les grands thrillers politiques et paranoïaques des années soixante-dix. Trahisons, retournements de situation, faux semblants, réflexion politique, jusqu’à la présence de Robert Redford (Les hommes du président, les trois jours du Condor,…) qui semble vouloir ancrer l’histoire dans cet ambiance d’espionnage que l’on croyait éteinte avec la fin de la Guerre Froide. Mais si Steve Rogers est un pur produit de la fin de la Seconde Guerre Mondiale qui tente tant bien que mal de s’adapter à l’époque actuelle, les problématiques militaro politiques restent finalement les mêmes. Et c’est bien là l’une des forces du film, que de s’emparer de l’un des héros les plus droits, patriotes, pour ne pas dire psycho rigide de l’écurie Marvel, et de le faire se questionner sur le bien-fondé de ses actes et des ordres qu’il reçoit.
Captain America, le Soldat de l’Hiver en profite au passage pour nous interpeller sur le positionnement d’une certaine partie de la classe politique américaine qui milite pour des frappes préventives et des guerres « justes » afin de protéger la sécurité de leurs concitoyens, quitte pour cela à sacrifier bon nombre d’innocents. On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, telle pourrait être la doctrine des dirigeants du SHIELD. Doctrine que refuse un Steve Rogers en plein doute quant à la cause qu’il sert. Le film réussit donc à marier la mythologie propre à Captain America (les personnages issus de son passé, la vrai nature du Soldat de l’Hiver) à un contexte on ne peut plus actuel (le mariage contre nature entre les complexes militaro industriels et les politiques).
Mais que l’on se rassure tout de suite, le film ne sacrifie pas pour autant le spectacle pur au profit d’une introspection trop abyssale. Épaulé par une Veuve Noire que l’on n’avait jamais vu aussi présente et introduisant le personnage du Faucon, Captain America retrouve pour l’occasion un ennemi juré bien plus puissant que tout ce qu’il aurait pu imaginer.
Malgré quelques scènes d’actions un peu brouillonnes, le film nous offre un spectacle impressionnant avec son lot de scènes d’anthologie et de personnages secondaires particulièrement bien campés, tout en nous proposant une réflexion bienvenue sur les limites d’une politique trop sécuritaire. Et bien entendu, les scènes post génériques introduisent comme le veut la tradition de multiples pistes pour les épisodes à venir. Captain America, le Soldat de l’Hiver réussi la parfaite alchimie du film de divertissement doté d’un scénario intelligent. Voilà qui devrait en rallier plus d’un à la cause des super héros !
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