Car depuis le sous estimé Les fils de l’homme, Alfonso Cuaron ne cesse d’explorer les méandres de la condition humaine, et les thèmes abordés ici sont directement connectés à son premier long métrage. Le sacrifice bien sur, mais aussi l’espoir, le deuil, la place de l’homme dans l’univers, le combat pour la vie. En centrant son histoire autour de deux acteurs, Cuaron évite toute dispersion et se sombre jamais dans la facilité.
(SPOILERS) Témoin cette scène où dans la plupart des films actuels Sandra Bullock serait partie à la recherche de son compagnon pour aboutir à une happy end programmée. Dans Gravity, les personnages n’agissent pas en fonction d’un scénario invraisemblable brossant le spectateur dans le sens du poil, mais de manière réaliste, et donc forcement déchirante. Le réalisateur se joue d’ailleurs de ces artifices en faisant revenir Georges Clooney dans une scène surréaliste qui nous fait craindre l’espace de quelques secondes qu’il ne tombe dans le piège de l’invraisemblance au service du politiquement correct. Heureusement, nous nous réveillons en même temps que Sandra Bullock pour constater que tout ceci n’était qu’un rêve. (fin des SPOLERS).
Porté par un Georges Clooney plus cool que jamais et par une Sandra Bullock qui prouve après Collision qu’elle vaut bien mieux que les comédies alimentaires dans lesquelles elle officie depuis plusieurs années, le film ne nous lâche pas une seule seconde. Alternant plans fixes et vues subjectives, Alfonso Cuaron fait preuve du même brio qui faisait déjà des Fils de l’homme un film immense (voir le plan séquence du début ou la scène de la poursuite en voiture). Mais la vraie force de Gravity, outre le spectacle hallucinant d’un voyage dans l’espace criant de vérité, reste encore une fois dans les thèmes qu’il aborde.
Car le film ne raconte rien d’autre que la renaissance d’une femme qui a vécu ce qui pouvait lui arriver de pire, la perte de son enfant. Les épreuves qu’elle traverse la changeront à jamais et feront d’elle une autre personne, plus forte, plus apaisée aussi. Et cela, le réalisateur le montre par petites touches. Lâchée dans le vide, Ryan Stone erre dans le néant jusqu’à ce qu’elle arrive à rejoindre sa capsule. Elle quitte alors sa combinaison et se love en position fœtal en apesanteur lors d’une scène d’une sensualité inouïe.
(SPOILERS) Quand elle atterrit enfin sur Terre et qu’elle émerge de l’eau, assimilée au liquide amniotique, nous assistons à une seconde naissance. Et puis la voilà qui rejoint la terre ferme, elle se met péniblement debout et elle réapprend à marcher comme un enfant fait ses premiers pas. La voilà libre à nouveau, débarrassée de ses peurs qui l’empêchaient de vivre et qu’elle a laissé là haut (fin des SPOLERS).
Tout cela, Alfonso Cuaron nous le montre sans démonstration ostentatoire. Il nous parle de la nature humaine sans grossir le trait ni prendre de pause, à la différence d’un Terrence Malick empêtré dans un cinéma mystico contemplatif depuis La ligne rouge. C’est sans aucun doute la marque des grands réalisateurs.
1 commentaire:
Excellente analyse.
Ce film nous fait retenir notre respiration plus d'une fois, j'y suis allé sans connaitre ne serait ce que le pitch... et bien... je m'attendais à tout mais pas à ça !
Belle claque ! dans le bon sens du terme !
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