Alors que le cinéma de genre français tente vaille que vaille d’exister dans un paysage cinématographique national tout de même assez homogénéisé, il faut se rendre au Grand Rex à Paris pour avoir la chance de voir Mutants quand on habite en province. Un nombre de copies, et donc de salles restreints, une prise de risque minimum pour les distributeurs, peu de visibilité et un film presque condamné d’avance. Le constat n’est malheureusement pas nouveau et un film qui n’est pas calibré pour une diffusion sur une chaine de télévision publique à 20H30 a de moins en moins de chance d’exister. Passons.
Mutants est donc un film d’horreur français sous influences. Celle qui vient la première à l’esprit est bien entendu 28 Jours plus tard et ses infectés agressifs qui courent dans tous les sens. Comment ne pas penser aussi à La Mouche de Cronenberg en suivant la lente dégénérescence de Marco devant les yeux de sa compagne ? Les paysages enneigés et les entrepôts désaffectés nous rappellent vaguement The Thing, tandis qu’Hélène de Fougerolles armée jusqu’aux dents a de petits airs de Ripley. Bref, Mutants est riche d’une imagerie qui nous est immédiatement familière et nous fait entrer facilement dans le vif du sujet.
Le premier quart d’heure du film est d’ailleurs assez effrayante. Non pas par le climat de terreur qu’il distille, mais par des tics de cadrage bien pénibles (plan bancal sur le gyrophare de l’ambulance qui roule), une interprétation hallucinante qui nous renvoie aux pires téléfilms de TF1, avec une mention spéciale à la femme soldat noire du début qui en fait des tonnes et qui ressemble à un militaire d’élite comme moi à un lutteur de sumo. Une bande son décalée par rapport à l’image donne une impression ridicule de doublage catastrophique.
Heureusement, ces premières minutes passées, on rentre dans le vif de l’histoire et l’on suit Marco et Sonia dans leur quête de salut représenté par une base militaire au sein d’un monde désastré, déserté et hanté par humains contaminés devenus des zombies cannibales. Marco s’est fait mordre par l’un d’entre eux et la contamination progresse inéluctablement. Sonia tente de le soigner, de le réconforter et observe impuissante la déchéance physique et psychologique de l’homme qu’elle aime.
Mutants n’est certes pas un chef d’œuvre du genre. Les scènes d’affrontement sont encore une fois difficiles à suivre car souvent mal éclairées ou mal cadrées. Les références qui portent le film sont trop prégnantes pour lui conférer une identité propre. Le film n’a pas l’agressivité d’un 28 Jours plus tard, la tension de The Thing ou l’ampleur d’un Zombie. Pourtant, par le choix de couleurs froides à dominantes de bleu qui entourent le film d’une aura glacée, par le soin porté aux maquillages et par la dimension dramatique que revêt la déchéance de cet homme qui régresse au point d’agresser sa femme, Mutants parvient à se différencier des films d’horreur français qui sont réalisés ces dernières années. Plus de tueur en série, de dédoublement de personnalité ou d’introspection tirée par les cheveux, mais un vrai film de genre nerveux, honnête et efficace. C’est déjà beaucoup.
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