Deuxième partie du dyptique de Jean François Richet consacré à Jacques Mesrine, L’Ennemi public numéro 1 pouvait laisser craindre une dérive du réalisateur vers une certaine fascination pour son personnage et l’iconisation de celui qui fut une figure mythique du grand banditisme français. L’affiche du film, largement inspirée de celle de La passion du Christ de Mel Gibson, abondait dans ce sens.
Curieusement, cette suite se différencie radicalement du premier épisode aussi bien par le fond que par la forme, pour le meilleur comme pour le pire.
Si la réalisation est toujours maitrisée et la direction d’acteur inattaquable, on peut toutefois déplorer un certain manque de dynamisme et de panache dans les scènes d’action. Alors que l’Instinct de mort nous proposait des séquences de fusillades jusqu’alors rarement vu dans le cinéma français, en terme de maitrise et de construction, L’Ennemi public numéro 1 fait presque preuve de paresse et tombe dans les travers d’une production calibrée pour la télévision. La scène finale qui voit la dernière sortie de Mesrine espionné par les policiers est interminable, d’autant plus qu’elle nous a déjà été présentée.
A l’inverse, cette suite se démarque du premier opus par son discours. Largement inspiré par les divers écrits et déclarations de Mesrine lui-même, dont l’enregistrement posthume que l’on retrouve aussi en partie dans la chanson de Trust, l’Instinct de mort, le scénario se montre beaucoup plus fin et intéressant que précédemment.
L’Ennemi public numéro 1 suit l’évolution d’un homme qui a décidé de vivre non pas en marge de la société mais d’en profiter au maximum selon ses propres règles. On découvre un personnage mégalomane, manipulateur, intelligent, qui ose tout pour parvenir à ses fins. Confronté à l’image que lui renvoient ses amis, notamment François Besse et Charlie Bauer interprétés respectivement et remarquablement par Mathieu Amalric et Gérard Lanvin, Mesrine se retrouve face à une réalité qu’il n’accepte pas. Il se voudrait rebelle, anti social alors qu’il ne fait que voler de l’argent pour mieux consommer et participer à cette société qu’il décrie.
Son combat contre les Quartiers de Haute Sécurité l’entraine dans une spirale de plus en plus folle et cache mal un désir de reconnaissance ainsi qu’une pulsion autodestructrice. Son amour pour Sylvia Jeanjacquot ne pourra le sauver de lui-même et c’est dans un acte presque suicidaire qu’il tombera porte de Clignancourt.
Les dialogues sont remarquables mais il est vrai que le personnage n’était pas avare en déclarations percutantes et en bons mots.
Il serait intéressant de revoir les deux films bout à bout, chacun ayant une personnalité marquée, brillant tantôt par la mise en scène et tantôt par le scénario, avec toujours une galerie de personnages brillamment interprétés.
Mesrine reste un personnage marquant plus de trente ans après sa mort, et si les films ne prétendent pas lever le voile sur tous les mystères que revêt encore le destin hors du commun de cet homme, ils ont au moins le mérite de montrer que l’on peut réaliser en France une œuvre ancrée dans une certaine réalité, un contexte politique et social marqué sans pour autant en sacrifier le coté spectaculaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire