Retour en 2018, en pleine crise des
Gilets Jaunes qui investissent les Champs Elysées et se heurtent aux forces de
l’ordre lors d’affrontements de plus en plus tendus. Devant se qui s’apparente à
une insurrection généralisée, le Gouvernement panique et dépêche en renfort des
unités de polices spécialisées dans la lutte contre le banditisme et le
terrorisme mais absolument pas préparées au maintien de l’ordre en marge d’une manifestation.
Les bavures sont inévitables dans un chaos entretenu par les factions les plus
violentes des manifestants. Et lorsqu’un tir de LBD blesse grièvement un jeune
homme à priori sans histoire, l’IGPN se saisit de l’enquête et tente de démêler
les responsabilités, coincé entre la pression populaire et celle des syndicats
de police.
En se saisissant d’un fait divers emblématique de ce soulèvement populaire,
Dominik Moll affiche clairement son dessein, dresser le portrait le plus
impartial possible d’une situation à première vue inextricable et de la
succession d’évènements ayant conduit au drame.
Pari à moitié gagné car si
Dossier 137, porté en grande partie par la prestation impeccable d’une Léa
Drucker en fonctionnaire opiniâtre qui cherche un sens à son métier, se suit
comme un thriller dont chaque pièce apportée au dossier est consciencieusement
disséquée, le réalisateur préfère clairement se pencher sur le parcours des
manifestants que celui des policiers.
Si l’on comprend vite comment une famille
sans grande revendication politique arrive à se retrouver au cœur du drame par
le jeu de circonstances malheureuses, on reste en revanche démuni quant au
geste du policier qui, à défaut d’un début de piste expliquant une accumulation
de brimades et de violences subies de la part des manifestants, apparait comme
un cow-boy irresponsable et violent.
Malgré un sujet passionnant qui aurait
mérité plus d’objectivité, malgré un final qui laisse un goût amer dans la
bouche, on est donc loin de l’universalité et du choc suscité par La nuit du 12.
Il n’en reste pas moins que Dossier 137 a le mérite de poser de vraies
questions à défaut d’y apporter des réponses satisfaisantes.
