samedi 20 décembre 2025

Dossier 137

Retour en 2018, en pleine crise des Gilets Jaunes qui investissent les Champs Elysées et se heurtent aux forces de l’ordre lors d’affrontements de plus en plus tendus. Devant se qui s’apparente à une insurrection généralisée, le Gouvernement panique et dépêche en renfort des unités de polices spécialisées dans la lutte contre le banditisme et le terrorisme mais absolument pas préparées au maintien de l’ordre en marge d’une manifestation.
Les bavures sont inévitables dans un chaos entretenu par les factions les plus violentes des manifestants. Et lorsqu’un tir de LBD blesse grièvement un jeune homme à priori sans histoire, l’IGPN se saisit de l’enquête et tente de démêler les responsabilités, coincé entre la pression populaire et celle des syndicats de police. 
En se saisissant d’un fait divers emblématique de ce soulèvement populaire, Dominik Moll affiche clairement son dessein, dresser le portrait le plus impartial possible d’une situation à première vue inextricable et de la succession d’évènements ayant conduit au drame. 
Pari à moitié gagné car si Dossier 137, porté en grande partie par la prestation impeccable d’une Léa Drucker en fonctionnaire opiniâtre qui cherche un sens à son métier, se suit comme un thriller dont chaque pièce apportée au dossier est consciencieusement disséquée, le réalisateur préfère clairement se pencher sur le parcours des manifestants que celui des policiers. 
Si l’on comprend vite comment une famille sans grande revendication politique arrive à se retrouver au cœur du drame par le jeu de circonstances malheureuses, on reste en revanche démuni quant au geste du policier qui, à défaut d’un début de piste expliquant une accumulation de brimades et de violences subies de la part des manifestants, apparait comme un cow-boy irresponsable et violent. 
Malgré un sujet passionnant qui aurait mérité plus d’objectivité, malgré un final qui laisse un goût amer dans la bouche, on est donc loin de l’universalité et du choc suscité par La nuit du 12. Il n’en reste pas moins que Dossier 137 a le mérite de poser de vraies questions à défaut d’y apporter des réponses satisfaisantes.