Avant les stars du MMA adulées par des
millions de fans et hyper médiatisées, il y avait les pionniers d’un sport dont
les règles évoluaient du fil des championnats plus ou moins officiels. Avant l’adrénaline
et les feux des projecteurs il y avait la sueur et la solitude des vestiaires.
C’est par ce prisme refusant le spectaculaire au profit de la dimension humaine
de ses protagonistes que Benny Safdie a choisi de raconter son histoire, celle
de Mark Kerr, de son staff d’entrainement et de sa femme Dawn Staples.
Porté
par une interprétation convaincante de Dwayne Johnson bien aidé par la présence
d’Emily Blunt lors de ses scènes les plus intenses, Smashing Machine s’inscrit
dans la longue lignée des films sportifs, plus proche d’un Raging Bull que d’un
Rocky dans ce portrait d’une célébrité aux pieds d’argile qui va livrer son combat
le plus âpre en dehors du ring.
Soutenu autant qu’affaibli par une relation
tumultueuse avec sa femme, Mark Kerr longtemps resté invaincu à ses débuts va
faire l’expérience de la défaite et d’une dépendance aux opioïdes qui vont l’obliger
à s’éloigner des rings pour mieux revenir et se retrouver. Mais loin des
success stories habituelles du genre, le réalisateur s’attache à son biopic
tout en évitant les pièges les plus évidents d’une histoire à première vue balisée.
ATTENTION SPOILERS Pas de victoire finale en guise de rédemption ni de combat pourtant
attendu contre son ami Mark Coleman mais une défaite cuisante contre ses
propres démons FIN DES SPOILERS
Entre l’épure attendue d’un certain cinéma
indépendant américain et le passage obligé du tournoi final, entre scènes
intimistes les plus souvent dramatiques et violence des combats sans esthétique
superflue, Smashing Machine peint les prémices d’un sport spectacle ancré dans
son époque, modelé par des combattants entrainés à la dure dont les combats les
plus difficiles se déroulent souvent loin des acclamations de la foule.
