Black Power. De Creed à Black Panther,
le duo Ryan Coogler - Michael B. Jordan a toujours revendiqué un cinéma de
divertissement étroitement liée à la culture afro-américaine. Sinners qui
marque leur sixième collaboration ne fait pas exception à la règle.
En mêlant film
de vampire et ode musical sur fond de ségrégation noire dans le sud des Etats
Unis des années Trente, le réalisateur ose un pari risqué qu’il remporte haut
la main grâce à un sens aigu de la mise en scène, la double présence d’un Michael
B. Jordan toujours aussi charismatique entouré d’un casting impeccable, une
bande son envoutante et des références à la pelle.
Croisement improbable entre
30 jours de nuits, Une nuit en enfer, le western, les films de gangsters et les
comédies musicales, Sinners nous offre quelques scènes mémorables comme ce
morceau de blues transgénérationnel auquel répond une danse irlandaise
endiablée des vampires.
La parabole politique aurait pu tourner court et
sombrer dans la facilité avec une confrontation entre les vampires blancs racistes
et les résistants noirs mais Ryan Coogler déjoue tous les pièges du manichéisme
en ne perdant jamais de vue la portée symbolique de ses personnages.
Visuellement somptueux et réjouissant dans son mélange des genres, Sinners est
surtout un bel hommage à cette musique du diable née dans les champs de coton qui
a su traverser les générations pour porter haut et fort la douleur, la révolte
et l’espoir.