L’histoire se déroule à Madrid en 2011. Un été caniculaire échauffe les esprits, une police sur les dents avec la venue imminente du Pape Benoît XVI, une société en pleine crise économique et un tueur en série qui s’en prend aux personnes âgées. Au milieu de ce marasme, deux flics à la dérive tentent d’arrêter le criminel tout en essayant de composer avec leurs propres démons.
La Isla minima d’Alberto Rodríguez avait donné le ton en 2014, Que dios nos perdone le confirme trois ans après, le polar espagnol se porte à merveille. Doté d’une distribution parfaite, d’un scénario efficace et de personnages solides, ce thriller poisseux et sans concession nous embarque dans les méandres d’une ville faisant écho aux esprits torturés d’une paire de flics que tout oppose de prime abord.
Non content de mettre en scène des protagonistes immédiatement attachants, le réalisateur Rodrigo Sorogoyen se paye le luxe de nous gratifier de séquences d’une maitrise cinématographique totale. Citons parmi tant d’autres une course poursuite haletante dans les rues de Madrid, ce plan séquence incroyable lors de la confrontation du détective Alfaro avec le tueur ou le face à face sous haute tension entre le détective Velarde et le fils d’une victime sous la lumière stroboscopique d’une ampoule défectueuse.
Mais la véritable force du film provient sans nul doute de l’interprétation et de l’écriture des personnages, véritable colonne vertébrale d’un film passionnant de bout en bout. Le couple de flics fonctionne à merveille, épaulé par une galerie de rôles secondaires qui donnent à l’histoire toute sa crédibilité. María Ballesteros dans le rôle de Rosario fait merveille dans son jeu de séduction avec Velarde, lequel révèle des failles insoupçonnées lorsqu’elle s’invite timidement dans son appartement.
Film moite et désespéré, profondément humain dans ce qu’il révèle de nos pires faiblesses, Que dios nos perdone s’inscrit dans la lignée de ces histoires qui nous hantent longtemps après le générique de fin.